LA CLASSIFICATION DES MARMAS
Selon Charaka
Selon Acharya Charaka, parmi tous les Marma, les 3 plus importants sont : Shira ou Murdha (tête, cerveau), Hrdaya (coeur) et Basti (vessie, appareil urinaire). Sushruta a également inclus ces 3 marmas dans sa classification.
Selon Sushruta
Acharya Sushruta a dénombré 107 Marmas et les a classés de 3 différentes manières :
Selon leur emplacement
- Shakha Gata Marmas (Marmas dans les membres, c'est-à-dire les deux membres supérieurs et les deux membres inférieurs) - 11x4 = 44 Marmas au total
- Madhya Shareera Gata Marmas - (Marmas situés dans le tronc, y compris le thorax et l'abdomen) - 26 Marmas au total
- Shirogata Marmas (Marmas situés dans la tête et le cou) - 37 Marmas au total
Selon leur composition (Dhatus dominant)
- Mamsa Marmas (prédominants dans le tissu musculaire) - 11 au total
- Sira Marmas (prédominants dans les vaisseaux sanguins) - 41 au total
- Snayu Marmas (prédominants dans les ligaments, les tendons) - 27 au total
- Asthi Marmas (prédominants dans le tissu osseux) - 08 au total
- Sandhi Marmas (prédominants dans les articulations) - 20 au total
Selon leur gravité en cas de blessure
- Sadhyo Pranahara Marmas (ceux qui causent mort immédiate en cas de blessure) - 19 au total
- Kalantara Pranahara Marmas (ceux qui causent mort graduelle en cas de blessure) - 33 au total
- Vishalyaghna Marmas (ceux qui causent la mort lorsque le corps étranger impacté est retiré du Marma) - 3 au total
- Vaikalyakara Marmas (ceux qui causent déformations en cas de blessure) - 44 au total
- Rujakara Marmas (ceux qui causent douleurs sévères en cas de blessure) - 8 au total
Marma Sharira est une branche de l'anatomie ayurvédique qui identifie et décrit 107 points, parties et organes vitaux du corps humain. La maîtrise de cette connaissance est d'une importance cruciale pour les médecins, et plus particulièrement pour les chirurgiens. En effet, la compréhension de ces Marmas permet au chirurgien d'effectuer des interventions chirurgicales avec une grande prudence, en veillant à éviter toute lésion de ces zones sensibles.
De cette manière, ils sont en mesure de prévenir d'éventuelles complications postopératoires, telles que des dommages fonctionnels et structurels, des déformations, voire même la mort du patient.
COMPRENDRE LA TRADITION DE LA MARMATHERAPIE
L'apprentissage traditionnel de Marma Shastra : Pratiques anciennes et modernes
L'étude de Marma Shastra dans l'histoire ancienne repose essentiellement sur Prana, ou force vitale, l'energie subtile de Vata Dosha). Prana, force fondamentale, se situe de façon subtile et complexe à travers le corps. Cette force vitale est considérée comme une fraction de l'énergie divine (Paramatma) qui est disséminée dans l'univers, et une partie de celle-ci demeure en nous, êtres humains. Dans la perspective des Samhitas, une petite partie de Dieu, sous la forme de Prana, réside dans notre corps. Cette même force vitale est exhibée à travers le monde et une partie réside en nous, les êtres humains, sous forme de Prana.
Dans la tradition ancienne, les Acharyas (maîtres spirituels) soutenaient que seuls ceux capables de maîtriser et de manipuler efficacement cette force vitale pourraient apprendre la discipline de Marma Shastra. Si cette science était mal assimilée ou mal mise en œuvre, cela pourrait engendrer une augmentation de la douleur, une aggravation de la maladie, une perte de conscience, et potentiellement, des problèmes neurologiques ou des troubles cérébraux à long terme, "survenant après 6, 12 ou 24 ans".
Afin de prévenir l'usage inapproprié de cette science (ou Marmatherapie), son accès était limité à ceux qui avaient un contrôle mental avancé: ceux qui étaient dédiés et pratiquants accomplis de Sadvritta (code moral et ethique ayurvedique), qui etaient sains de coprs (Sharira), Indrayas (organes des sens) et d'esprit (Manas).
Ainsi, l'apprentissage de Marma Shastra débutait à l'âge de six ans, lorsque l'élève était introduit auprès du maître. Durant une période de 12 ans, l'élève vivait avec son maître, apprenant le Pranayama (contrôle du souffle), le Kalari (les arts martiaux) ainsi que les aspects théoriques des thérapies des Marma.
A l'âge de 18 ans (grâce à la pratique constante et assidue de Pranayama et de Kalari), l'élève acquièrait alors un état d'équilibre mental d'envergure, la synchronisation respiratoire et une certaine harmonie entre ses organes sensoriels et ses membres.
De ce fait, une personne ayant une telle maîtrise de son corps et de ses Sens utilisait cette science de manière bénéfique, dans le but d'aider autrui et de soigner les maladies. Elle était libérée de sentiments négatifs tels que la haine ou la vengeance. Après l'âge de 18 ans, l'élève était alors initié aux aspects pratiques de Marma Shastra.
Dans la première phase, l'élève effectuait des massages et des traitements par pression sur le maître, qui, en fonction des résultats, corrigeait l'élève avant de l'autoriser à appliquer ces traitements sur un patient.
De nos jours, l'apprentissage de Marma Shastra n'est plus aussi rigide (heureusement ou malheureusement?), donnant lieu a enormèment de pratiques erronnées et dangereuses.
Armanda Dos Santos