Le gras, ou tissu adipeux, a joué un rôle crucial dans l’évolution humaine. Il est bien plus qu’une simple réserve d’énergie; il est essentiel à notre survie et à notre fonctionnement.
L'importance du gras
1. Réserve d’énergie:
• Adaptation à la disponibilité fluctuante des ressources: Nos ancêtres vivaient dans des environnements où la nourriture n’était pas toujours abondante. Les réserves de gras permettaient de stocker l’énergie excédentaire consommée lors des périodes d’abondance pour être utilisée pendant les périodes de pénurie. Cela a été vital pour la survie durant les périodes de famine.
• Support de l’endurance: Le stockage de graisse permettait aux humains de parcourir de longues distances pour chasser ou migrer sans besoin constant de nourriture.
2. Protection et isolation:
• Protection des organes: Le tissu adipeux entoure et protège les organes vitaux contre les chocs et les traumatismes.
• Isolation thermique: La graisse sous-cutanée aide à maintenir la température corporelle en fournissant une isolation contre le froid, ce qui était particulièrement important pour nos ancêtres vivant dans des climats froids.
3. Fonction hormonale:
• Régulation hormonale: Le tissu adipeux produit des hormones telles que la leptine, qui régule l’appétit et le métabolisme, jouant un rôle clé dans le maintien de l’homéostasie énergétique.
• Impact sur la reproduction: Chez les femmes, un certain pourcentage de graisse corporelle est nécessaire pour la fertilité et la grossesse, assurant ainsi la continuité de l’espèce.
Indispensabilité du gras pour la survie et le fonctionnement
1. Source d’énergie:
• Fonctionnement quotidien: Le corps utilise les réserves de graisse pour produire de l’énergie entre les repas. Cela est crucial pour maintenir des niveaux constants de glucose dans le sang, surtout durant les périodes prolongées sans nourriture.
• Exercice et activité physique: Pendant des activités intenses ou prolongées, le corps puise dans les réserves de graisse pour fournir l’énergie nécessaire.
2. Synthèse de molécules vitales:
• Acides gras essentiels: Certaines graisses, comme les oméga-3 et oméga-6, sont essentielles car elles doivent être obtenues par l’alimentation. Elles sont cruciales pour la construction des membranes cellulaires et la production de certaines hormones.
• Vitamine D et autres vitamines liposolubles: Les graisses aident à l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E, K) qui sont essentielles pour des fonctions corporelles telles que la vision, la coagulation du sang, et la santé osseuse.
3. Fonction cognitive:
• Développement du cerveau: Les graisses, en particulier les acides gras oméga-3, sont essentielles pour le développement et le fonctionnement optimal du cerveau. Elles jouent un rôle dans la cognition, la mémoire et la santé mentale.
Grâce à cette précieuse source d’énergie, nous rechargeons nos batteries. Il y a quelques dizaines de milliers d’années, notre capacité à stocker cette énergie a libéré nos ancêtres de la tyrannie d’une alimentation constante, permettant à l’espèce d’évoluer. Depuis peu, on sait aussi que, derrière nos bourrelets, se cache une machinerie sophistiquée contribuant à la bonne marche du cœur, du cerveau et des os.
Rôle du gras dans l’évolution humaine
1. Réserve d’énergie:
• Stockage et utilisation: Nos ancêtres pouvaient stocker l’énergie excédentaire consommée lors des périodes d’abondance sous forme de graisse. Cette réserve énergétique leur permettait de survivre durant les périodes de famine ou de disette, leur offrant ainsi une meilleure chance de survie et de reproduction.
• Libération de la dépendance alimentaire: La capacité à stocker de l’énergie sous forme de graisse a libéré nos ancêtres de la nécessité de se nourrir constamment. Cela leur a permis de se concentrer sur d’autres activités essentielles, comme la chasse, la construction d’abris et le développement de la culture.
2. Protection et isolation:
• Protection des organes: La graisse entoure et protège les organes vitaux contre les chocs et les traumatismes, jouant ainsi un rôle crucial dans la protection interne du corps.
• Isolation thermique: La graisse sous-cutanée aide à maintenir la température corporelle en offrant une isolation contre le froid, essentielle pour les humains vivant dans des environnements froids.
• Soutien aux fonctions cardiaques et osseuses: La graisse contribue également à la bonne marche du cœur et des os, en fournissant les nutriments nécessaires et en participant à la régulation des fonctions physiologiques.
3. Fonction hormonale:
• Régulation de l’appétit et du métabolisme: Le tissu adipeux produit des hormones comme la leptine, qui régule l’appétit et le métabolisme, maintenant ainsi un équilibre énergétique crucial pour la survie.
• Rôle dans la reproduction: Un certain niveau de graisse corporelle est nécessaire pour la fertilité et le soutien de la grossesse chez les femmes, assurant la continuité de l’espèce.
Notre tissu adipeux dissimule un organe endocrinien complexe
Les scientifiques savent désormais qu’il produit des douzaines d’hormones, dialogue avec notre cerveau et influence nos comportements.
Le tissu adipeux comme organe endocrinien
1. Production d’hormones:
• Leptine: L’une des hormones les plus importantes produites par le tissu adipeux est la leptine. Elle régule l’appétit en envoyant des signaux au cerveau pour indiquer que le corps est rassasié. La leptine joue un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre énergétique.
• Adiponectine: Cette hormone améliore la sensibilité à l’insuline, favorise la dégradation des acides gras et a des effets anti-inflammatoires, contribuant à la protection contre le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.
• Résistine: Une autre hormone produite par le tissu adipeux qui peut influencer la résistance à l’insuline et le métabolisme du glucose, jouant un rôle dans le développement du diabète.
2. Dialogue avec le cerveau:
• Régulation de l’appétit et du métabolisme: Les hormones produites par le tissu adipeux communiquent avec l’hypothalamus, une région du cerveau qui régule l’appétit et le métabolisme. Cette communication est essentielle pour maintenir l’équilibre énergétique et le poids corporel.
• Influence sur les comportements alimentaires: Les signaux hormonaux provenant du tissu adipeux peuvent influencer nos comportements alimentaires, modifiant nos envies et nos habitudes alimentaires en réponse à l’état énergétique du corps.
3. Influence sur les comportements:
• Régulation de l’humeur et de l’énergie: Les hormones produites par le tissu adipeux, comme la leptine, peuvent également affecter l’humeur et les niveaux d’énergie. Un déséquilibre de ces hormones peut contribuer à des troubles de l’humeur, comme la dépression.
• Réponse au stress: Le tissu adipeux produit également des cytokines et d’autres molécules inflammatoires qui peuvent affecter la réponse du corps au stress, influençant ainsi notre comportement en période de tension.
Impact de la compréhension moderne
1. Approches médicales:
• Nouveaux traitements pour l’obésité: Comprendre le rôle endocrinien du tissu adipeux permet de développer des traitements plus ciblés pour l’obésité, en modulant les signaux hormonaux pour réguler l’appétit et le métabolisme.
• Prévention des maladies métaboliques: En intervenant sur les hormones produites par le tissu adipeux, il est possible de prévenir ou de traiter des maladies métaboliques comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.
2. Changement des perceptions:
• Valorisation de la complexité du tissu adipeux: Reconnaître le tissu adipeux comme un organe endocrinien complexe change la perception traditionnelle de la graisse corporelle comme un simple stockage d’énergie, soulignant son rôle crucial dans la régulation de nombreuses fonctions corporelles.
• Réduction de la stigmatisation: Cette compréhension aide à réduire la stigmatisation associée à l’excès de poids en mettant en lumière les mécanismes biologiques sous-jacents qui influencent le poids corporel et le comportement alimentaire.
Le gras est le pouvoir: il fonctionne comme une batterie et nous libère de la tyrannie de devoir continuellement manger.
Le gras dans la perspective Ayurvedique
En Ayurveda, le gras est considéré comme essentiel à la santé, tant en usage interne qu’externe, quotidiennement et à chaque repas. Les textes classiques de l’Ayurveda, les Samhitas, considèrent que le gras est le “combustible d’Agni”, le feu digestif, mais aussi le “feu” ou l’énergie qui soutient chaque cellule du corps.
Importance du gras en Ayurveda
1. Combustible d’Agni:
• Feu digestif: En Ayurveda, Agni, ou le feu digestif, est crucial pour la digestion et la transformation des aliments en énergie. Le gras est vu comme un combustible essentiel qui nourrit et maintient Agni, assurant ainsi une digestion efficace et une bonne assimilation des nutriments.
• Énergie cellulaire: Le gras alimente également le feu interne de chaque cellule, soutenant leurs fonctions vitales et leur métabolisme. Il est indispensable pour la production d’énergie et le bon fonctionnement des tissus corporels.
2. Soutien aux fonctions de Vata Dosha:
• Système nerveux: Vata Dosha, l’un des trois doshas (énergies biologiques) en Ayurveda, gouverne le système nerveux, la mobilité, et les stimulis. Le gras est essentiel pour apaiser et équilibrer Vata, assurant un fonctionnement optimal du système nerveux et une bonne communication entre les organes.
• Mobilité et stimulis: En favorisant la lubrification des articulations et des tissus, le gras permet une mobilité fluide et la transmission des stimulis sans entrave, soutenant ainsi la vitalité et l’enthousiasme.
3. Protection contre l’usure et la dégénérescence:
• Prévention de l’usure: Le gras protège les tissus corporels de l’usure et de la dégénérescence due au temps. Il agit comme un rempart contre les dommages causés par l’excès d’irritabilité et de feu dans le corps.
• Soutien des tissus: En nourrissant et en renforçant les tissus, le gras prévient leur dégradation prématurée, favorisant ainsi la longévité et le maintien d’une bonne santé.
Application quotidienne du gras en Ayurveda
1. Usage interne:
• Consommation régulière: En Ayurveda, il est recommandé de consommer des sources de gras sains à chaque repas. Ghee (beurre clarifié), huiles végétales, et noix sont des exemples courants. Ces graisses nourrissent le corps de l’intérieur, soutenant Agni (le feu digestif, le feu cellulaire ou mitochondries), Vata Dosha (comme nous venons de le voir), Pitta Dosha (le gras soutient le feu naturel de Pitta, lui donnant un bon support, et evitant que le feu, chaud et abrasif par naturel, ne consumme les tissus) et Kapha Dosha (la consommation de bons gras, donne un Kapha de qualité, et donc une bonne lubrification, stabilité et immunité).
• Absorption des nutriments: Les graisses facilitent l’absorption des vitamines liposolubles (A, D, E, K) et autres nutriments essentiels, assurant ainsi une nutrition complète.
2. Usage externe:
• Massages à l’huile (Abhyanga): L’application externe de gras sous forme de massages à l’huile est une pratique courante en Ayurveda. Abhyanga, le massage quotidien à l’huile, utilise des huiles médicinales pour apaiser, nourrir la peau, et renforcer les tissus.
• Protection et hydratation: Les huiles appliquées sur la peau agissent comme une barrière protectrice, prévenant la sécheresse et les irritations, tout en favorisant l’élasticité et la santé cutanée.
Que se passe-t-il lorsque le corps ne detient pas suffisament de masse grasse?
Lorsque le corps ne contient pas suffisamment de masse graisseuse, plusieurs conséquences négatives peuvent survenir, affectant à la fois la santé physique et mentale.
Conséquences physiques
1. Déficit énergétique:
• Faible réserve d’énergie: La graisse corporelle sert de réserve d’énergie. Sans suffisamment de graisse, le corps manque de ressources pour puiser de l’énergie en cas de besoin, ce qui peut entraîner une fatigue chronique et une faiblesse générale.
• Mauvaise tolérance au jeûne: Les personnes avec très peu de masse graisseuse ont du mal à tolérer les périodes sans nourriture, car leur corps ne peut pas compenser le manque de glucose par les réserves de graisse.
2. Problèmes de thermorégulation:
• Intolérance au froid: La graisse sous-cutanée aide à isoler le corps et à maintenir une température corporelle stable. Un manque de graisse peut conduire à une sensibilité accrue au froid et à une difficulté à maintenir une température corporelle adéquate.
3. Santé des organes et des tissus:
• Protection des organes: La graisse protège les organes internes contre les chocs et les traumatismes. Un déficit en graisse peut augmenter le risque de blessures internes.
• Santé de la peau et des cheveux: La graisse contribue à l’hydratation et à l’élasticité de la peau. Un manque de graisse peut entraîner une peau sèche, des cheveux cassants et une apparence générale de mauvaise santé cutanée.
4. Fonctions hormonales:
• Déséquilibres hormonaux: La graisse corporelle joue un rôle crucial dans la production de certaines hormones, comme la leptine et les hormones sexuelles. Un manque de graisse peut entraîner des déséquilibres hormonaux, affectant la régulation de l’appétit, la reproduction et la santé osseuse.
• Aménorrhée: Chez les femmes, un faible pourcentage de graisse corporelle peut entraîner l’absence de menstruations (aménorrhée), ce qui peut affecter la fertilité et la santé reproductive.
5. Santé osseuse:
• Risque accru de fractures: La graisse corporelle aide à protéger les os et à maintenir leur densité. Un manque de graisse peut augmenter le risque d’ostéoporose et de fractures.
Conséquences mentales et émotionnelles
1. Fonction cognitive:
• Déclin cognitif: Les acides gras essentiels, notamment les oméga-3, sont cruciaux pour la santé du cerveau. Un déficit en graisse peut entraîner des problèmes de concentration, de mémoire et une diminution des capacités cognitives.
2. Santé mentale:
• Anxiété et dépression: Un faible pourcentage de graisse corporelle peut être associé à des niveaux accrus de stress, d’anxiété et de dépression, possiblement en raison de déséquilibres hormonaux et nutritionnels.
La graisse corporelle est essentielle pour de nombreuses fonctions vitales, allant de la régulation de l’énergie et de la température corporelle à la protection des organes et à la production hormonale. Un manque de graisse corporelle peut entraîner des conséquences graves pour la santé physique et mentale, affectant la qualité de vie et augmentant le risque de diverses maladies et conditions.
Mais face à la surabondance alimentaire, cette machinerie se dérègle. Conditionné à mettre des calories de côté pour parer aux coups durs, notre corps n’affronte plus la disette mais une avalanche d’aliments addictifs, riches en sucre, en gras et en sel. Résultat : en trente ans, le taux d’obésité a triplé.
Impact de la surabondance alimentaire
1. Déclenchement de la surconsommation:
• Disponibilité constante de nourriture: Contrairement à nos ancêtres, nous avons un accès constant et facile à des aliments riches en calories. Cela perturbe notre mécanisme naturel de stockage de l’énergie.
• Aliments hyper-palatables: Les aliments modernes sont souvent conçus pour être extrêmement appétissants, combinant sucre, gras et sel pour maximiser le plaisir de manger, ce qui peut conduire à une surconsommation.
2. Dérèglement du métabolisme:
• Accumulation excessive de graisse: L’excès de calories, principalement provenant des aliments transformés et riches en sucre, est stocké sous forme de graisse. Cela mène à une accumulation excessive, perturbant l’équilibre énergétique du corps.
• Résistance à la leptine: La surabondance alimentaire peut entraîner une résistance à la leptine, l’hormone qui régule l’appétit. Cela fait que le cerveau ne reçoit plus les signaux corrects pour arrêter de manger, contribuant à la prise de poids.
3. Épidémie d’obésité:
• Augmentation du taux d’obésité: En trente ans, le taux d’obésité a triplé à cause de la consommation excessive d’aliments riches en calories et pauvres en nutriments. Cette épidémie a des répercussions majeures sur la santé publique.
• Maladies associées: L’obésité est liée à de nombreuses maladies chroniques, comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, et certaines formes de cancer. Cela met une pression supplémentaire sur les systèmes de santé.
Stratégies pour rétablir l’équilibre
1. Éducation et sensibilisation:
• Nutrition équilibrée: Il est crucial de sensibiliser les gens à l’importance d’une alimentation équilibrée, riche en fruits, légumes, protéines maigres et grains entiers, et de limiter la consommation d’aliments transformés.
• Compréhension des signaux de faim: Encourager une écoute attentive des signaux de faim et de satiété peut aider à réguler la consommation alimentaire et à éviter les excès.
2. Modification de l’environnement alimentaire:
• Disponibilité d’aliments sains: Améliorer l’accès aux aliments sains et abordables dans toutes les communautés peut aider à réduire la consommation d’aliments nocifs.
• Réglementation des publicités: Limiter la publicité des aliments riches en sucre, en gras et en sel, surtout envers les enfants, peut contribuer à réduire la demande pour ces produits.
3. Intervention précoce et soutien:
• Programmes de prévention: Mettre en place des programmes de prévention et de traitement de l’obésité dès le plus jeune âge peut aider à inverser la tendance actuelle.
• Soutien psychologique: Offrir un soutien psychologique et des conseils nutritionnels peut aider les individus à adopter des comportements alimentaires plus sains et durables.
Ainsi, bien que la capacité de notre corps à stocker de l’énergie sous forme de graisse ait été cruciale pour notre évolution et notre survie, la surabondance alimentaire moderne a dérégulé ce système, entraînant une épidémie d’obésité. Pour contrer cela, il est nécessaire de rétablir un équilibre par l’éducation, la modification de l’environnement alimentaire et des interventions précoces.
Armanda Dos Santos