Anxiété, toi qui surgis sans prévenir, qui tisses ta présence dans mes pensées, qui te glisses dans mes nuits et pèses sur mon souffle. Qui es-tu, en vérité ? Es-tu un simple trouble, une errance de mon esprit, ou es-tu un messager venu des profondeurs de mon être, portant en toi des vérités que je n’ose affronter ?
Anxiété, tu es bien plus qu’une sensation passagère, bien plus qu’une ombre fugace. Tu es comme un miroir déformant qui me renvoie mes doutes, mes failles, mes peurs ancestrales, celles que j’ai tenté de fuir, celles que j’ai refoulées sous les apparences de la force. Tu es le reflet de tout ce que je n’ai pas encore intégré, de tout ce que je n’ai pas su transformer en lumière.
Es-tu là pour me rappeler mes limites, pour me montrer la fragilité de mon contrôle illusoire ? Ou peut-être es-tu un appel, une invitation à aller plus loin, plus profondément, là où je résiste encore à regarder. Tu te dresses devant moi, comme un seuil que je ne cesse de frôler sans oser le franchir, un abîme que je redoute et qui pourtant semble me parler, m’attirer.
Si je te questionne, si je t’écoute vraiment, que me diras-tu ? Peut-être que tu es la voix de mes aspirations inassouvies, de mes rêves inaboutis, de mes douleurs non exprimées. Peut-être es-tu le gardien de mes émotions enfouies, de ces peurs que j’ai trop longtemps ignorées. Tu n’es peut-être pas un ennemi, mais un guide exigeant, un maître sévère qui me pousse à l’authenticité, à l’acceptation de moi-même dans ma vulnérabilité.
Anxiété, si je t’accueille, si je cesse de te repousser, que deviendras-tu ? Peut-être un chemin vers la compréhension, un passage vers une paix plus profonde, une opportunité de plonger en moi-même avec compassion. Peut-être qu’en t’apprivoisant, je découvrirai en toi un allié déguisé, une part de moi qui réclame d’être reconnue, écoutée, guérie.
Qui es-tu, anxiété ? Peut-être es-tu le fil ténu qui me relie à mes ombres, à ces zones de mon être que je redoute et qui pourtant sont une part de mon humanité. Peut-être es-tu un rappel que la vie, dans toute son intensité, demande d’être vécue pleinement, avec tout son lot d’incertitudes et de mystères.
Anxiété, si je n’étais plus dans la lutte, si je t’invitais à ma table, que m’apprendrais-tu sur moi-même ? Peut-être alors pourrais-je te comprendre, te dépasser, et trouver au-delà de ta présence un espace de paix, un espace de vérité.
Armanda Dos Santos