Nos contradictions sont les failles où se glisse toute notre humanité. Elles sont les marques visibles du combat incessant entre ce que nous voulons être et ce que nous sommes, entre nos idéaux inaccessibles et nos réalités imparfaites. Elles nous habitent, nous dérangent, nous définissent. Nous sommes, tous, un tissu d’ambivalences, tissé de certitudes vacillantes et de doutes persistants.
Nous clamons notre soif de vérité, tout en nous réfugiant dans des demi-mensonges réconfortants. Nous prônons la liberté, mais cédons à nos chaînes invisibles. Nous aspirons à la simplicité, tout en compliquant nos vies de désirs superflus et d’attentes démesurées. Nous aimons, parfois jusqu’à l’obsession, mais savons aussi détruire ce que nous chérissons le plus. La lumière et l’ombre coexistent en nous, et chaque jour, elles dansent une valse incertaine.
Nos contradictions ne sont pas seulement des erreurs ou des incohérences à corriger. Elles sont des révélateurs, des fenêtres ouvertes sur nos véritables luttes intérieures. Elles témoignent de nos tentatives désespérées de trouver un équilibre entre ce que nous ressentons, ce que nous pensons, et ce que nous faisons. Elles trahissent nos peurs, nos vulnérabilités, nos incertitudes. Elles disent : « Je veux être meilleur, mais je suis encore en chemin. »
Nous voulons être compris, mais nous nous cachons derrière des masques. Nous désirons l’intimité, mais bâtissons des murs. Nous cherchons le bonheur, mais courons après des plaisirs éphémères. Nous aspirons à la paix, mais alimentons les conflits, en nous et autour de nous. Et tout cela, nous le savons, mais nous continuons, pris dans le paradoxe d’être à la fois lucides et aveugles.
Mais peut-être que nos contradictions ne sont pas des défauts à éradiquer. Peut-être sont-elles des invitations à mieux nous connaître, à accepter cette complexité inhérente à notre condition. Elles nous rappellent que l’humain n’est pas une ligne droite, mais une spirale en constante évolution. Elles nous poussent à l’humilité, car elles nous montrent que nous ne sommes pas des êtres parfaits, mais des œuvres en devenir.
Dans nos contradictions, il y a une beauté brute. Elles nous rapprochent les uns des autres, car elles sont universelles. Elles nous enseignent la patience, envers nous-mêmes et envers les autres. Elles nous rappellent que le chemin vers l’alignement est semé d’embûches, mais qu’il est également riche d’apprentissages.
Et peut-être que, finalement, nos contradictions ne sont pas des oppositions, mais des tensions créatrices. Elles sont ce qui nous pousse à réfléchir, à évoluer, à chercher. Elles sont ce qui fait de nous des êtres profondément humains, pris entre le ciel et la terre, entre le fini et l’infini, entre nos ombres et nos lumières.
Armanda Dos Santos