La bactérie Helicobacter pylori touche environ cinquante pour cent de la population mondiale. Elle est responsable de gastrites chroniques, d’ulcères duodénaux et joue un rôle important dans l’apparition des cancers de l’estomac. L’éradication de cette bactérie comme moyen de prévention et de traitement des ulcères et de certains cancers de l’estomac est maintenant une solution que la médecine naturelle peut mettre en œuvre grâce à un protocole phytothérapeutique éprouvé.
Helicobacter pylori (HP) est une bactérie très répandue qui infecte les muqueuses de la paroi de l’estomac. Quarante pour cent de la population européenne en est atteinte et plus de 80 % dans les pays défavorisés. Un rapport très étroit existe en effet entre pauvreté et infection par l’Helicobacter pylori, lié au manque d’hygiène. La bactérie Helicobacter pylori est notamment responsable des gastrites chroniques, des ulcères duodénaux et joue un rôle important dans la genèse de certains cancers gastriques.
Jusqu’en 1982, personne ne pensait qu’une bactérie puisse survivre dans l’estomac compte tenu de l’extrême acidité du milieu. L’HP vit en effet exclusivement dans l’estomac et c’est le seul organisme connu pouvant survivre dans un environnement aussi acide. En fait, l’Helicobacter pylori sécrète une enzyme (uréase) qui lui permet de survivre aux sucs gastriques en les neutralisant. La bactérie agit alors de deux façons : elle augmente la sécrétion des sucs gastriques et affaiblit la structure de la muqueuse gastroduodénale. Moins protégée, la paroi de l’estomac ou du duodénum est alors attaquée par les sucs gastriques…
La preuve par l'infection
Ce sont deux chercheurs australiens, Barry Marshall et Robin Warren, qui découvrirent l’implication directe de cette bactérie dans la génération de pathologies gastriques comme l’ulcère de l'estomac ou le cancer de l’estomac.
Pour valider leur hypothèse, l’un des chercheurs avala une culture de bactérie et quelque temps après, il déclencha un ulcère : la preuve était faite. Il fallut, tout de même, attendre 1995 pour que la communauté scientifique reconnaisse leurs travaux et leur décerne le prix Nobel de médecine… en 2005. Leurs travaux ont permis de réviser les croyances sur l’origine des ulcères.
Jusque-là, le consensus voulait qu’une trop grande acidité gastrique, souvent causée par l’anxiété, soit tenue pour responsable de l’apparition de pathologies diverses dont l’ulcère. La découverte de l’origine infectieuse de ces pathologies a bouleversé le traitement de l’ulcère et de certains cancers de l’estomac.
9 000 cas de cancers en France
On sait maintenant que cette infection s’acquiert dans l’enfance. Dans la très grande majorité des cas, elle devient chronique, s’accompagnant d’une inflammation de la muqueuse gastrique. L’Helicobacter serait ainsi la cause de 90 % de toutes les gastrites chroniques.
La transmission est intrafamiliale (mère/enfant, fratrie) et perdure pendant des décennies, voire toute la vie de la personne infectée. Environ 10 % des personnes infectées développent une maladie ulcéreuse et 1 % un cancer de l’estomac. Ce faible pourcentage fait malgré tout qu’Helicobacter est reconnue comme la première bactérie impliquée dans la genèse d’un cancer, le cancer de l’estomac, deuxième cause de cancers dans le monde, ce qui représente 600 000 nouveaux cas par an dont 9 000 en France.
Un risque de cancer multiplié par trente
Si la bactérie est aussi virulente, c’est qu’elle possède une forme hélicoïdale (d’où le nom d’Helicobacter) et peut littéralement se visser dans la paroi stomacale afin de la coloniser ! L’estomac produit deux substances : l’acide chlorhydrique et la pepsine. Ces substances très irritantes sont normalement tenues à distance de la paroi stomacale par le mucus.
Lorsque la bactérie a colonisé l’estomac, l’équilibre est rompu et les pathologies apparaissent lors d’une sécrétion trop grande d’acide ou lors d’une protection insuffisante par le mucus. Si, par ailleurs, la vidange gastrique est ralentie, les lésions de gastrite chronique s’installent, lésant à leur tour les muqueuses, ralentissant le transit et permettant ainsi une réinstallation de la bactérie. La présence d’HP multiplie par trente le risque de cancer de l’estomac et il semblerait que ce cancer ne puisse se développer en son absence.
Actuellement, on conseille d’éradiquer systématiquement l’Helicobacter, d’en faire le traitement préventif pour les patients ayant eu une gastrectomie partielle pour cancer, de dépister les parents du premier degré et les porteurs de lésions histologiques précancéreuses. L’alcool, le stress, certains médicaments (aspirine et anti-inflammatoires) et la primo-infection à Helicobacter pylori, sont les principales causes de plusieurs pathologies gastroduodénales.
Helicobacter pylori : place à la réglisse !
Friandise appréciée des enfants, la réglisse est aussi un remède naturel aux multiples vertus. Cette racine efficace contre les inflammations de la gorge et l’hypotension exerce aussi une action réparatrice sur les cellules de l’estomac. Face aux complications liées à l’Helicobacter pylori, elle constitue une alternative intéressante aux antibiotiques.
Je me souviens du plaisir que j’avais, étant petit, à aller m’acheter des bonbons. À l’époque, on ne listait pas les gélifiants et autres ingrédients mauvais pour la santé qu’ils contenaient. Et ils nous paraissaient chers. Avec 10 francs, nous avions un sachet plein, et qui nous semblait énorme…
C’étaient bien entendu des saveurs très enfantines, très sucrées. Du genre de celles que l’on s’interdit passé un certain âge, de peur de voir notre bedaine croître à vue d’œil… Et parmi ces bonbons, il y avait les réglisses, les délicieux réglisses au goût sucré et amer en même temps.
Bien sûr, on pouvait se sentir écœuré de manger trop de bonbons acidulés. Et seuls les réglisses permettaient de tenir jusqu’à la fin du sachet.
Le passé, convocable à volonté, doit rester où il est, surtout quand il s’agit de friandises si nocives. Et pourtant, j’ai récemment appris que la racine de réglisse était non seulement excellente pour le système digestif et l’inflammation, mais qu’elle constituait un remède anticancer d’avenir.
Surtout, j’ai appris qu’elle avait toujours joué le rôle que je lui avais prêté. En effet, des chercheurs en phytothérapie ont remarqué qu’elle était présente dans plus de la moitié des remèdes de la médecine chinoise ! Et ce, afin de les adoucir et de les rendre plus doux au palais…
La plus douce des racines
Le français « réglisse » vient du grec glycyrrhizion, qui signifie racine sucrée, par l’intermédiaire du latin liquiritia. Il s’agit donc d’un remède connu dans nos contrées depuis l’Antiquité classique, notamment pour le pouvoir sucrant de la glycyrrhizine – substance caractéristique de la réglisse –, 50 fois supérieur à celui du glucose.
De son côté, sainte Hildegarde de Bingen, au Moyen Âge, employait cette racine comme calmant de la toux. Le Codex, qui liste les plantes médicinales employées par la pharmacopée française, recense ses propriétés pectorales, adoucissantes et expectorantes.
Toutefois, en comparaison de la Chine, l’Europe n’en a jamais fait qu’un usage modéré, voire franchement timide.
En effet, dans la médecine traditionnelle chinoise, la réglisse tient lieu de « remède-guide », présent dans près de 60 % des prescriptions conservées. Elle améliorerait l’efficacité des autres ingrédients, le goût des préparations et réduirait leur toxicité !
En plus, elle redonne du tonus, efface la fatigue, passagère ou chronique, ainsi que l’asthme. D’ailleurs, ses indications anciennes contre la toux et la bronchite sont toujours d’actualité…
Comme nous, les Chinois ont commencé à écrire sur elle dès l’Antiquité. La plante est même mentionnée dans leur premier compendium de recettes médicales, leClassique de la matière médicale du Laboureur Céleste, rédigé vraisemblablement aux alentours du IIIe siècle avant J.-C.
En Occident, on la consommait sous la forme d’une boisson nommée « coco », qui a désaltéré jadis non seulement les fiévreux, mais quantité d’assoiffés. Avec l’orge et le chiendent, elle servait aussi à préparer la tisane ordinaire des hôpitaux, dite « bonne-à-tout ».
Efficace sur l’inflammation, prometteuse contre le cancer
Une récente étude phytothérapeutique a promu la réglisse comme agent préventif du cancer de première importance.
La réglisse freine les phénomènes de cyclo-oxygénase et de lipoxygénase, deux voies majeures de l’inflammation. Or, on le sait aujourd’hui, l’inflammation fait le lit de la dégénérescence cellulaire, donc des cancers.
Sans doute, ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes expliquent son classement comme antimutagène, protégeant le corps contre les produits chimiques et toxiques. Ce qui double en quelque sorte son efficacité dans ce domaine.
Douce de la langue à l’intestin
En 1950, une étude néerlandaise démontrait ce que certains cliniciens avaient déjà remarqué auparavant : la réglisse est bonne pour l’ensemble du système digestif.
Elle possède ainsi une foule de vertus dont vous ne sauriez que profiter : elle diminue l’acidité gastrique, soulage les brûlures d’estomac comme les indigestions.
Elle a plus globalement un effet cicatrisant sur les lésions de la muqueuse irritée, qui cicatrise donc plus rapidement. En somme, c’est un pansement pour l’estomac malade.
Des études montrent qu’elle inhibe la prolifération d’Helicobacter pylori, une bactérie dont l’infection touche plus de la moitié de la population mondiale, et qui est responsable de 70 à 90% des ulcères de l’estomac. D’ailleurs, le traitement d’un ulcère passe le plus fréquemment par l’élimination de cette bactérie.
Enfin, la réglisse intensifie la sécrétion de la bile, et peut servir de laxatif doux. Elle est également employée avec succès contre les gastrites, et même contre les ulcères gastro-duodénaux. Elle obtient de bons résultats pour traiter l’hépatite chronique. D’ailleurs, au Japon, elle serait même prescrite en accompagnement pour traiter les cirrhoses du foie…
Mille vertus, une racine
La réputation médiévale de la réglisse, comme remède respiratoire, n’est en rien usurpée. À ce niveau-là aussi, son effet anti-inflammatoire est notable. Elle apaise aussi les maux de gorge, les toux sèches, se révèle expectorante pour la toux irritante, et est toujours efficace contre l’asthme et les infections respiratoires en général.
Dans le même ordre d’idées, elle tient lieu d’antiallergique contre le rhume des foins, la rhinite, l’asthme bronchique et même la conjonctivite allergique.
Vous pouvez simplement, en cas d’aphtes et d’ulcérations de la bouche, mâcher des racines de réglisse.
Elle est tonique, comme le relevait la médecine traditionnelle chinoise. Elle améliore ainsi la résistance au stress physique et psychologique.
En cause : son action sur les glandes surrénales, productrices de corticostéroïdes, les hormones du stress. La réglisse inhibe en effet la transformation du cortisol en cortisone, ce qui rend l’action des glandes surrénales plus efficace et accroît la résistance aux allergies et aux inflammations. Elle pourrait donc se révéler utile comme plante relais après un traitement à la cortisone.
La réglisse a également des effets sur le système hormonal.
D’une part sur la glycémie : elle aurait ainsi des vertus hypoglycémiantes, ce qui en fait un remède pour les diabétiques, mais aussi hypolipémiantes et anti-obésité.
De même, par les isoflavones qu’elle contient, elle a de légères propriétés œstrogéniques, qui permettent de l’envisager comme remède d’appoint dans les situations de ménopause ou de péri-ménopause.
Toutefois, cela ne rend pas la réglisse sans danger à hautes doses ou en utilisation prolongée, à cause de son effet sur la rétention du sodium et la perte de potassium. On éviter en particulier d’en prendre en cas d’hypertension, d’insuffisance rénale, ou de tendance aux œdèmes. Pour la même raison, ne la prenez pas en cas de grossesse, de prise de laxatifs et de diurétiques.
La réglisse par vous-même
Si vous voulez vous soulager de la toux ou de la bronchite, ou même des aigreurs d’estomac, faites-vous une décoction de réglisse !
Pour cela, rien de plus simple. Plongez 15 à 20 g de réglisse par litre d’eau, et faites bouillir 5 à 10 minutes, puis infusez une dizaine de minutes. Buvez-en 3 à 4 bols par jour pendant trois semaines. Cette préparation pourra également vous soutenir si vous êtes sujet à l’hypotension. Pour cela, il ne faudra pas attendre un effet rapide, mais votre tension devrait remonter au fil des semaines, au maximum 6 semaines d’affilée. En cas d’utilisation sur la durée, nous vous conseillons d’investir dans un tensiomètre afin d’éviter que l’hypotension ne se transforme en hypertension.
Pour les aphtes, pensez également aux bains de bouche, avec une décoction bien concentrée.
En outre, le bois de réglisse peut tenir lieu d’édulcorant pour toutes les infusions. Son petit goût boisé et sucré saura ravir le palais. C’est la raison pour laquelle elle est présente dans tant de recettes.
En espérant que vous retrouverez, vous aussi, les plaisirs de votre enfance !